Info Jardin
Labo
Bulletin No 16 / 15 mars 2019
Le Jardin
Labo Solivermont (JLS) est l’un des quatre organes constitutifs du Centre Banyen
pour une Agriculture Intelligente et le Tourisme (CBAIT). Il sert de lieu d’expérimentation, de
démonstration et de transfert de connaissances basées sur l’innovation, en
particulier pour la promotion du jardin garde-manger. Le Solivermont réfère à l’abondance de fruits et de légumes, en terroir de
montagne, qui découlera d’un tel jardin à vocation totalement organique. Conçu
comme une réponse alternative, sur petit espace, le jardin garde-manger
ambitionne d’être un modèle plus productif et rentable que le jardin
traditionnel du paysan, plus économe en énergie et en travail, plus respectueux
de l’environnement, tout en étant capable d’offrir des produits compétitifs.
Centre Banyen Promo
a rencontré Faniel Laurent
Faniel Laurent[1]
habite depuis 1986 à Zamor, une localité de Vallue, 12e section des
Fourques de Petit-Goâve. Tout a commencé comme un simple jardin, qu’il a bâti
progressivement. La nouvelle orientation est prise en 2012, suite à la visite
d’Abner Septembre et de Jean André Victor qui a proposé le nom : Musée
Végétal. L’Hôtel Villa Ban-Yen a apporté ensuite son encadrement tant pour
organiser le Musée que pour le faire connaître, en plus de prendre pour lui des
réservations, de lui envoyer des visiteurs et d’acheter ses produits.
Le Musée végétal est un espace de
75 centièmes de carreau de terre, localisé à proximité de la maison familiale
et destiné à fournir des produits à longueur de l’année. Il a tous les attributs d’un jardin
garde-manger. On y cultive différents
types de fruitiers, de plantes aromatiques et médicinales, de bananiers, de
cultures maraichères, de canne à sucre, le tout formant une grande
biodiversité. Il y a aussi un volet
d’élevage qui permet d’avoir des déchets, la production étant totalement
organique. Le jardin a aussi une
vocation de conservation de variétés natives rares menacées de disparition.
La spécialité de Faniel est le
marcottage, le greffage et le compostage.
Ses résultats dans le citrus (mandarine,
limon, orange, citron, chadèque) sont impressionnants. Un autre mérite est sa façon d’enrichir le
sol, par différents procédés naturels, comme l’engrais vert et des tranchées
remplies de déchets de végétaux appelées « bann manje ». Selon
lui, le secret de son succès est aussi l’entretien des plantes (nettoyage, émondage, apport en engrais vert,
dépistage d’insectes, de maladies et de parasites, leur traitement par l’usage
d’insecticide naturel, etc.). C’est
cette combinaison des deux « entretien
et enrichissement» qui permet non seulement de relever la productivité,
mais aussi de trouver des produits à tout moment de l’année. L’entrepreneur reconnait qu’il n’a pas un
problème de marché. Il arrive à écouler
tous ses produits rapidement. Au
contraire, il n’en a pas assez pour répondre à la demande.
Le Musée Végétal de Zamor est
aussi un site agritouristique qui offre et vend des tours guidés à une
clientèle haïtienne et étrangère diversifiée.
Le rituel des services se décline en quatre étapes qui permettent autant
de découvrir l’expérience dans ses différents aspects, que de vivre la passion
de l’entrepreneur et d’admirer sa volonté de partager sa connaissance avec son
hôte, tout en incluant la dégustation et la vente de produits du jardin,
etc. A l’année, le revenu
agritouristique est chiffré au moins à 100,000.00 Gourdes, à partir de la vente
de produits et de tours guidés à plus de 250 visiteurs.
Selon Faniel, les grands progrès
réalisés incluent le renforcement et la revalorisation de la végétation du
site, sa nouvelle vision de la vie, sa capacité d’évaluer et de comparer
l’écart entre ce qu’il gagne avec ce
qu’un emploi institutionnel lui aurait donné.
Il en arrive à la conclusion qu’il aurait dû commencer un peu plus
tôt. L’expérience a contribué à
améliorer sa qualité de vie, grâce à ce nouvel environnement, et à élargir ses
contacts. Si l’expérience a démarré dans
l’indifférence des uns et des autres, aujourd’hui elle monopolise
l’attention. Il y a des membres de la
communauté qui l’approchent pour un conseil, acheter une plantule, ou prendre
une information. Il y en a qui commencent
à l’imiter, qui viennent travailler avec lui pour apprendre de ses expériences. C’est là sa principale satisfaction.
Les grandes contraintes
rencontrées sont: a) le problème de l’eau, surtout en période de
sécheresse ; b) l’élevage libre ; c) l’absence de relève au niveau
familial, sauf sa petite fille Anaïca.
Pour vaincre cette inquiétude, il a choisi de laisser à la postérité une
production de citrus, en voie de disparition à Vallue, de former et
d’accompagner des jeunes. C’est pourquoi
il invite ces derniers à visiter l’expérience et à choisir quelque chose à
faire, au lieu de vivre dans l’attentisme ou de blâmer le pays.
En termes de perspectives, ses
priorités sont : i) l’amélioration de l’accès à l’eau qui est un grand
défi ; ii) l’identification des plantes et le balisage de la route qui
conduit au musée) ; iii) l’installation d’un bassin de poissons ;
iv) la production de gazon ; v)
l’offre des services de chambre d’hôte.
Le Musée Végétal de Zamor est un
modèle innovant. Il fait partie de
l’offre agritouristique de Vallue, au même titre que La Sève de Jean Lindor
Laviolette et le Jardin Labo Solivermont.
Il est l’un des sites associés au Centre Banyen pour la formation
prochaine des jeunes en horticulture, selon le modèle de jardin garde-manger.
Bienvenue au Musée Végétal de Zamor, une opportunité d’échanger avec
l’entrepreneur sur son histoire, sa vision, ses techniques et expériences, son
niveau de satisfaction, ses contraintes, etc.
Tout ce qui vous plonge alors dans une démarche proche de l’économusée.
[1] Il est âgé de 59 ans, teint noir, 1.65 mètre de haut,
marié depuis 2012 avec Monique Dieujuste, et père de 4 enfants qui lui ont
donné 7 petits-enfants.
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